NUÉES SANS EAU - Aleister Crowley
Pour la première fois traduit en français, Nuées sans Eau est l’une des œuvres poétiques les plus marquantes d'Aleister Crowley. Elle narre la sombre histoire d’amour et de mort de deux amants enchainés par un amour passionnel voué à une fin tragique. La prose du mage-poète anglais y exprime avec une fougue évocatrice et chargée de symbolisme occulte différents arcanes de l’amour initiatique. Le texte se fait ainsi héritier d’une tradition littéraire dans laquelle dévotion, extase et passion pour la bien-aimée se joignent en une expérience initiatique transcendant les limites mêmes de la mort. Le lecteur aguerri y retrouvera des références au système et à la philosophie magiques de Théléma.
Cette édition est accompagnée d’une préface de Tobias Churton, chercheur britannique reconnu dans le domaine de l’ésotérisme occidental et principal biographe d’Aleister Crowley, qui souligne les influences poétiques que l’auteur entretenait avec des écrivains comme Edgard Allan Poe ou Charles Baudelaire et offre une lecture des personnages à la lumière des années que l’auteur passa à Paris.
Elle est accompagnée de 15 reprographies en couleurs de l'artiste Anja Bajuk.
La traduction française est de Philippe Pissier.
156 pages - en couleur - 14,8 x 21 cm
« Une chose était néanmoins indubitable : les Nuées exprimaient une attitude, une attitude de défi, énergique et sensuelle, face au jugement d’une société qui réprimait l’excitation érotique et l’extase mystique de l’amour sexuel poursuivi au suprême degré, cette dernière étant tacite chez Crowley.
En outre, l’intérêt pour l’épopée éthico-érotique de Crowley augmente en étudiant sa signification intentionnelle. Par exemple, les titres des chapitres ont l’air, à première vue, simplement provocateurs, la poésie n’offrant guère d’éclairage sur leur pertinence : L’Augure ; L’Alchimiste ; L’Ermite ; Le Thaumaturge ; La Messe Noire ; L’Adepte ; Le Vampire ; L’Initiation. Assurément, l’amant du poème sait dès le début que cette histoire avec la « vierge mystique mienne », Lola, ne connaîtra nulle fin heureuse (L’Augure), et, à la fin l’initiation est la mort (via l’absorption de laudanum).
Bien que les titres des chapitres évoquent les us de la « Magie Noire », Crowley semble les employer afin de démontrer que ce que l’enseignement chrétien a condamné et dépeint comme pratique satanique pourrait, avec une certaine ironie, être préférablement perçu comme les phases d’un engagement érotique qui soit une forme de magie effective. Je pense qu’il nous faut conclure que, si ce n’étaient les actes et les attitudes décrits de manière si sinistre, étant si rudement blâmés par la société, la « fin » des amants aurait pu ne point être funeste : une initiation pleinement joyeuse en son achèvement. En l’état actuel des choses, les amants, comme ils meurent, célèbrent une sombre victoire, s’étant au moins personnellement évité de succomber à la médiocrité et au jugement répressif du monde : ils appartiennent, et aspirent, à un monde meilleur, même si leurs juges le nomment « enfer ». Crowley donne à entendre que les attitudes historiques de la culture occidentale vis-à-vis du sexe engendrent inévitablement, et fatalement, des tragédies en dénaturant ce qui pourrait autrement être perçu comme des voies menant au Parnasse et à l’Olympe, les maquillant en de simples descentes dans un enfer igné d’éternelles tortures (cependant que Crowley transvalue l’expérience de l’ardent supplice en plaisir excessivement voluptueux). »
Extrait de la préface de Tobias Churton.